Voyage scolaire

19 avril 2015

C‘est super chouette d’être écolier ! Depuis mon installation, en 2007, je suis scolarisé à l’Adage. Et ce mardi, avec les copains, nous avons fait une sortie en car pour visiter une ferme.

L’Adage est une asso réunissant une centaine d’éleveurs en Ille-et-Vilaine, principalement des laitiers herbagers.
C’est un groupe de formation permanente crée par et pour les paysans économes et autonomes.

L’Adage est répartie en 6 groupes locaux. Chaque groupe se réunit une fois par mois. Les thèmes de travail sont très variés : les haies, la santé animale, la gestion de l’herbe, la vie du sol, le bien-être des bêtes ou des paysans… mais aussi l’implantation des prairies, les semences fermières, la compta, la géobiologie, le croisement des races…
Ces formations de groupe furent déterminantes dans mon parcours. Le collectif est un support hyper rassurant pour oser quitter l’autoroute du maïs-soja.

En côtoyant des paysans chercheurs expérimentés, ça m’a donné de l’assurance pour convertir ma ferme d’abord en système herbe, puis en bio ensuite.

En plus des formations de groupe, l’adage, animé par 5 salariés, organise donc notamment des voyages d’études.

Cette année, nous avons choisi de visiter la ferme de Pierre Gontier dans le sud manche, entre Avranches et St Hilaire du Harcouet. En arrivant près de la ferme, on sent déjà la Normandie, le maillage bocager qui se resserre, les vallées qui se vallonnent et les prairies qui verdissent. C’est un petit paradis, la ferme de Pierre, le verger, la rivière, les collines fleuries et boisées…
On apprendra au cours de la visite que le paysage bucolique est moins romantique derrière les buttes, en zone limitrophe de sa ferme, il y a un gros centre d’enfouissement d’ordures ménagères. Pas de nuisances directes pour la ferme à part quelques détritus qui s’échappent de temps en temps.
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Pierre s’est installé en 2009, avec son père Jean, 27 montbéliardes et 35 hectares.

montbéliardespierre
Une installation en douceur, dans la continuité des parents qui avait déjà convertie la ferme en bio en 98. Une installation low-cost, contrairement à la plupart des installations en élevage laitier. Aujourd’hui, un jeune qui démarre en lait investit en moyenne plus de 300 000 €.
Pierre n’a acheté que matériel et cheptel. Terres et bâtiments sont en location. Il n’a pas construit de cathédrale, il utilise une petite étable entravée pour la traite et ses vaches sortent toute l’année.

établepierre

En revanche, il a construit sa chapelle au cœur de la ferme : une fromagerie. «La transfo, c’est une envie, pas un besoin. »

L’envie de Pierre fut concrétisée avec une maison ossature bois, en paille et enduit terre. Elle a été en partie auto-construite en 2013. Elle articule astucieusement préau, fromagerie, cave, magasin et appartement.

façade sud de la fromagerie. Les fenêtres au ras du sol sont celles du labo de transfo. A droite, l'entrée du magasin.

façade sud de la fromagerie. Les fenêtres au ras du sol sont celles du labo de transfo. A droite, l’entrée du magasin.

le labo de transfo, spacieux et lumineux.

le labo de transfo, spacieux et lumineux.

L'entrée de la boutique

L’entrée de la boutique

Aujourd’hui, sur les 130 000 L de lait produit par an sur la ferme, Pierre transforme 20 000 L en tomme. Il fait aussi un peu de fromage frais. Le reste est vendu à Triballat. Pierre apprécie la souplesse de cette formule : ce qu’il ne transforme pas sera de toute façon collecté par la laiterie.

tour de prairie lors de notre visite

tour de prairie lors de notre visite

Pour vendre ses fromages, « les débouchés furent assez faciles à trouver, ils sont arrivés tout seul » nous dit Pierre.
De la vente dans une biocoop locale, de la revente par des collègues sur les marchés, la participation à 2 réseaux de paniers. Il y a aussi deux après-midi dans la semaine où le magasin à la ferme est ouvert.

Pierre remonte de la cave avec une de ses succulentes tommes

Pierre remonte de la cave avec une de ses succulentes tommes

Luce, l’amie de Pierre, a envie de développer les circuits de vente, en commençant par les marchés, , notamment celui de Saint Hilaire. Elle va sans doute bientôt rentrer dans le gaec, aujourd’hui unipersonnel depuis que Jean est parti en retraite, au début de cette année.

Côté main d’oeuvre, il y 2 salariés à temps partiel, cumulés « ça représente un gros mi-temps salarié ». Luce a estimé le temps de travail de Pierre sur la ferme à environ 2100h sur l’année (un SMIC équivaut à 1600h). Les quantités de travail sont une problématique dans toutes les fermes, et transformer son lait n’arrange pas les choses.
« La transfo, c’est pas de tout repos » nous confie Pierre, mais c’est la clé pour réaliser son ambition : que sa ferme soit un lieu de vie à multi-activités qui fasse vivre plusieurs personnes.

Visitez le site de la ferme de Pierre: le jardin du trèfle

19 Avr, 2015 | Les Voyages | 0 commentaires

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