Radio Bonheur

25 avril 2021

Mardi 10 novembre 2020, nous avons dormi au cœur des Monts d’Arrée, entre Lopérec et Brasparts, chez Véronique et Yves Le Borgne. Yves est paysan charcutier. Il élève 20 vaches limousines sur 25 hectares et des porcs sur paille qu’il transforme dans son atelier à la ferme.Véronique s’occupe du gîte et des chambres et tables d’hôtes. Nous poursuivons notre cap plein ouest. Nous avons rendez-vous dans une autre ferme, chez Cyril Plantec et Suzanne Plantec Deschamps, à Linglaz Izella, près du bourg de Loperhet, à 14 minutes de Brest centre. C’est là que notre chien de troupeau, Radio, nous attend.

Non loin de la vallée du Rivoal, en longeant les splendides ruines de l’église Saint Pierre de Quimerch, j’ai l’heureuse surprise de tomber sur Radio Bonheur!

J’ai découvert Radio Bonheur en 2014, dans la voiture d’un grand-père qui m’a pris en stop, du côté d’Hillion, dans la baie de Saint Brieuc. Installé à Pléneuf Val André, Radio Bonheur est la 3ème radio des Côtes-d’Armor en audience, avec plus de 80 000 auditeurs quotidiens.

Radio Bonheur couvre environ 90% de la population des Côtes-d’Armor grâce à ses trois émetteurs. Elle couvre également le centre Bretagne avec son émetteur de Pleyben,. Dominique le Boudec, l’animateur, directeur et propriétaire de Radio Bonheur, assume une radio « construite, pensée et programmée pour les séniors« . Son objectif à terme est de couvrir toute la Bretagne, mais le CSA freine. Le verrou de l’Ille-et-Vilaine a toutefois sauté en 2016 avec l’obtention d’une fréquence à Saint-Malo. Petites annonces, loto, annonces rencontres, la retransmission des matchs de l’En Avant Guingamp, Sardou, Brel, Tino Rossi… et beaucoup d’accordéon, notamment les stars de bal du grand ouest: Jérome Robert et les glochos., Voici la recette de Radio Bonheur, 100% chansons françaises.

L’amour est dans les chiens

C’est donc sur un air d’accordéon que nous arrivons chez Cyril Plantec et Suzanne Plantec Deschamps, à Linglaz Izella, à Loperhet, à 14 minutes de Brest même. L’accueil est très chaleureux, Suzanne nous présente Radio, Cyril nous rejoint, nous discutons à bâtons rompus et ils nous invitent spontanément à partager leur repas.

« L’amour est dans les chiens. De fil en aiguille, j’ai trébuché sur un finistérien« , rie Suzanne en racontant sa rencontre avec Cyril. « J’ai rencontré mon mari sur un concours, dans le 44« . Cyril est en effet un habitué des concours: « Quand je me suis installé, il y avait déjà un chien sur la ferme, je suis tombé sur un très bon » dit-il modestement. Un très bon, et une bonne rencontre entre le chien et son maître: « des fois, c’est flagrant, il faudrait permuter les maîtres et les chiens« , Voilà qui confirme que l’éducation d’un chien de troupeau, c’est d’abord une histoire de relations, et donc de complicité et de compatibilité des caractères. « Avec Alpin, Cyril a fait une finale en championnat de France bovin« , ajoute Suzanne. Elle aussi aime la compétition. Elle l’a beaucoup pratiqué à travers l’équitation: « j’aime bien ce côté-là, la compétition, on veut être dans les 3 premiers, mais toujours dans la bonne humeur« .

Nos compétiteurs aiment donc les animaux, les concours, et les autres. Cyril est éleveur laitier avec un associé sur 175 hectares. Il cultive de l’herbe, du maïs, mais aussi 1 hectare d’échalote «  Ici, tout le monde faisait des fraises et de l’échalote. Je les cultive sur bâche en amidon de maïs« . Cyril a un projet de conversion bio, il se lance parallèlement dans la construction d’une nouvelle étable, il prévoit de passer en mono traite. « J’ai fait mes calculs, vu le prix du lait, et en prenant en compte le temps de travail, alors je perds de l’argent avec la traite du soir.« 

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Suzanne a son propre atelier. En 2017, elle a repris deux poulaillers (1200 et 1350 m2) en contrat avec Sanders (filiale du groupe agro-industriel Avril). Elle produit 5 bandes et demi par an, chaque bande représentant 50 000 bêtes, des Ross 308, des poulets qui font de la viande rapidement.

Pendant le repas, on apprend que l’on parle avec un homme deux fois ressuscité. C’est Suzanne qui nous l’apprend: « Après une chute du toit de l’étable, il est mort deux fois dans l’ambulance. » Aujourd’hui, Cyril est bien vivant et dégage une énergie hors du commun. Cette rencontre avec ce couple fut très intense. A la fois très différents et plein de points communs, nous avions énormément d’idées à partager, les pensées et les rires fusaient autour de la table. En se promettant de nous revoir, nous quittons Linglaz avec un nouveau compagnon. Pour le retour, nous décidons de rouler à travers les Monts d’Arrée, Nous écoutons Radio Bonheur, Radio est niché dans sa cage à l’arrière du camion, et nous passons juste à côté de Boneur, village de 240 âmes entre Commana et Brennilis. Nous nous arrêtons sur un des sommets bretons: le col de Trédudon culminant à 361 m. Une autre rencontre commence, une aventure palpitante, celle de l’éducation d’un chien de troupeau, mais ça, c’est une histoire que je vous raconterai un peu plus tard.

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